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Rennes Libertaire
14 août 2005

GREVE VICTORIEUSE A SAINT-NAZAIRE

A quelques kilomètres des plages cossues de La Baule, les Chantiers de l’Atlantique - Alsthom de Saint-Nazaire.

Au nom de la compétitivité française et européenne, l’entreprise est spécialiste de la réduction des coûts sur la main d’œuvre et la sécurité.

Le 15 novembre dernier, 15 personnes invitées à visiter le prestigieux « Queen Mary » à la construction duquel de nombreuses familles de la région avaient directement ou indirectement participés, trouvaient la mort dans l’écroulement d’une passerelle d’embarquement.

Un traumatisme pour Saint-Nazaire, qui a mis sur la place publique le recours par Alsthom à des sociétés de sous-traitance de second voire de troisième rang pour la majorité des tâches d’exécution.

Des sociétés basées dans des pays peu regardants sur les droits des travailleurs.

Déjà en 2003, des sociétés indienne, grecque et roumaine « oubliaient » ainsi de régler les salaires et droits de leurs ouvriers, employés aux Chantiers de l’Atlantique pour la construction du même « Queen Mary » .

Aucune solution n’a depuis été trouvé, ni par Alsthom, ni par l’Etat, et à ce jour aucun salaire n’a été versé.

En mars dernier, Gestal , sous-traitant habituel d’Alsthom, passe un contrat de sous traitance de deux ans pour la construction du paquebot MSC, à raison de 50 heures par semaine, avec le polonais Kliper.

Les salaires sont attractifs : 1200 Euros, versé sur un compte en Pologne, au lieu de 400 à 500 Euros à Gdansk et Szczecin où sont recrutés les ouvriers polonais, ainsi qu’une prime de déplacement de 5 Euros par jour - payée sur place en liquide- et un hébergement en bungalow dans un camping.

Une première équipe est recrutée. Mais les salaires ne sont pas versés. Les ouvriers font grève deux heures pour exiger les salaires dus. Kliper en paiera une partie et rapatriera discrètement en Pologne ces salariés trop revendicatifs…avant de recruter une seconde équipe qui arrive à Saint-Nazaire fin mai.

A nouveau, quelques jours de salaire sont versés, puis plus rien depuis début juin.

Mi-juillet, les quinze ouvriers polonais s’enchaînent suivant une tradition syndicale acquise lors des luttes de Gdansk à la porte 4 des Chantiers de l’Atlantique pour exiger le versement des 2 mois de salaires. Sans ressources, syndicats et associations leur permettent d’accéder au minimum vital : manger.

La solidarité matérielle et syndicale s’organise menée par la CGT, ce qui n’empêche pas le patron de Kliper de menacer les grévistes de leur envoyer la visite de gros bras.

La multiplication des manifs, en martelant le sol et les casques de travail avec des bâtons, et la popularisation de la lutte, contraint le patron à adoucir le ton…à sa manière. Il est question de rapatrier les ouvriers en Pologne sans garanties sur le paiement des salaires. Cinq salariés obtempéreront…tous liés au patron. Les 15 autres poursuivent la lutte et exigent de Gestal le paiement des salaires en tant que donneur d’ordre, suspect de « marchandage », pratique interdite et punie par le Code du Travail français de 30.000 Euros d’amende et / ou de 2 ans d’emprisonnement. Sous la pression, Gestal paye le 22 juillet 13.700 Euros de salaire sur 40.000 dus suite à un contrôle de l’inspection du travail effectué la veille.

Le 24 juillet, Kliper informe que le bilan de la société est déposé à Szczecin…tout en menacant les grévistes d’un procès pour rupture du contrat de travail dès leur retour en Pologne !

Ce à quoi s’ajoute la pratique répandue des listes noires sur les chantiers navals polonais qui ne promet pas de nouvelle embauche aux 15 des Chantiers de l’Atlantique…

Face à l'imbroglio juridique entre la CGT, l'inspection du Travail et le Consulat de Pologne d'un côté qui souhaitent voir le problème être réglé en France par Gestal et la Sous-Préfecture de Saint-Nazaire qui ne veut entendre parler que d'un réglement en Pologne, Les grévistes ont durci leur action et ont entamé une grève de la faim le 28 juillet, sur les marches de la Mairie de Saint-Nazaire.

Malgré les premières hospitalisations, certains ont entamé une grève de la soif le 3 août pour enfin percevoir les 30.000 Euros de salaire restant dûs.

Une lutte exemplaire par sa radicalité contre ce que la majorité des syndicats de la CES voulaient graver dans le marbre constitutionnel européen au nom du progrès social...

A. Doinel, CNT Rennes.

Article paru dans cs BP 38, 94601 Choisy-le-Roi Cedex.

GDANSK - SZCZECIN - SAINT-NAZAIRE :

SOLIDARNOSC !

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